circulez y a rien à voir.
Ainsi j'entrepris la lecture de Rien ne se passe comme prévu de Laurent Binet, chez Grasset, 17 €. Ben la presse a pas aimé. Du tout, du tout, du tout. Ouh la la. En voilà un qu'a su faire l'unanimité, ce qui par les temps qui courent (de guingois) est une sorte d'exploit.
Ceci dit, j'lis pas toute la presse, faut pas déconner non plus et vu le niveau, j'me lasse vite. Mais j'ai plutôt tendance à lire la presse bien penchante. Toujours du bon côté comme paraphraser Dutronc. C'est quand même eux les plus drôles. J'avoue, j'ai pas lu Télérama, ça me demande un effort, que dis-je une abnégation qu'à mon âge je suis incapable d'appliquer. Plus de patience. Ca se tarit. C'est comme le reste, ça part en couilles.
Bon revenons à mon mouton noir, Laurent Binet. Il a une bonne binette, pas son instrument, pfffff, son visage. Goncourt 2010 du premier roman et salué par Lanzmann, Vargas ou B.E.Ellis peut-on lire sur la quat' de couv'. Ca mange pas de pain.
A priori, je me sens beaucoup d'affinités avec ce garçon. Prof de français, 10 ans en ZEP dans le neuf-trois. Respect. Moi, j'ai fait le neuf-cinq (j'y suis toujours, dévoré par l'ambition comme d'hab...) une bonne quinzaine d'années à Argenteuil mais comme instit. De toutes façons en CM2, ils ont pas loin de 14 ans. Ca existait pas ZEP à mon époque. Y avait pas de sots briquets à la con. Dans ZEP, le Z, c'est pour zone. Et comment appelle-t-on, l'habitant de la zone nous apprend le Robert, deux points, ouvrez les guillemets, le zonard. Les mômes, leurs parents, les profs, tous des zonards." T'es où toi ? A la ZEP de Langevin, boulevard Lénine, je zone...". Parce qu'en plus, c'est que des noms de stal ou de résistant, voire les deux. Si, si. C'est facile à trouver, c'est moche et y a des caddies déglingués partout. Parce que pour travailler là-dedans, faut être sacrément résistant ou communiste.(redondance ?). Donc d'entrée, j'accorde du crédit aux propos du garçon et beaucoup moins à un détenteur de carte de presse qui loge dans le VI°.
Bon, j'ai encore perdu Binette. Je résume les critiques des pisse-copies. Enfin critique est un bien grand mot, torchée en 150 à 200 signes et grassement payé. On apprend rien, c'est mal écrit, y a pas de style, il a rien à dire.
Reprenons s'il vous plaît et dans le calme. On apprend rien : i'sont gentils les journaleux. Ils nous cachent tout, ils nous disent rien d'intéressant. Ben moi, j'y ai appris plein de trucs. Mais sauf que le camarade Binet, il a pas de carte de presse et ça doit bien les emmerder. Il était quasiment partout où les journaleux ne pouvaient pas aller. Binet, c'est un gars pépère qui réussit à entrer dans un monde qui lui est inconnu, et il rédige un journal, au jour le jour. Il est entré dans le Saint des saints grâce à Cruella, j'me souviens plus comment. On s'en fout, il est passé derrière la vitrine, il a les deux pieds dedans et il en perd pas une miette. On y glane des tonnes d'informations, notamment sur le comportement des hommes politiques, de gauche surtout, ben ouais Hollande c'est celui qu'est à gauche, enfin c'est ce qu'on nous a dit. Bref, une mine, mais pour un type lambda comme moi. C'est sûr que les journalistes ont pas dû apprendre grand'chose (va savoir), mais je pense que ce n'est point adressé en leur direction.
C'est mal écrit : elle est bonne celle-là. C'est écrit comme on tient un journal. Comme le journal de Polac par exemple, il y a quelques années. Il supportait pas l'ampoulitude . Bah c'est pas ampoulé et y a plein des gros mots. Ouh la la, c'est pas bien. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà cogné un édito de Bourmeau, mais c'est du lourd d'un point de vue stylistique. Il doit écrire avec les genoux. D'ailleurs à propos de Bourmeau, p 117, on peut lire cette ligne ravissante, sortie de la bouche de Hollande : "Comprends pas ! Ils sont vraiment tordus, à Libé." Ben à Libé, i'z'ont pas apprécié le livre. Mouahahahah !!!... Sur Libé toujours, on apprend que les journaleux entre eux le surnomment La Pravda. Mouahahahah !!! A propos de Bourmeau, comme vous pouvez le constater, j'suis un fan, il couche toujours avec Filippetti ? J'ai pas trouvé Paris-Match dans mon trou...
Y a pas de style : bon, on va pas s'étaler. N'est pas Chateaubriand qui veut. Des gratte-papier dans la presse, on en trouve 2 ou 3 qui savent écrire; malheureusement, ils sont de droite et catholiques par dessus le marché.
Il a rien à dire : Là, par contre, il y a à dire. Effectivement, on touche le noeud gordien. Et on finit le bouquin, rien ne sera tranché. Qui est François Hollande ? Mystère. Mais c'est pas le rondouillard qui rame sur son pédalo, trêve de bêtises. Binet nous livre des infos, des anecdotes très révélatrices de notre démocratie déliquescente, mais le père Hollande ne se révélera pas. D'où vraisemblablement le titre choisi, une saillie de Hollande. Rien ne se passe comme prévu. Binet a ramé, il le dit en toute honnêteté, et il a pas bouclé la tâche qu'il s'était fixée. Qui est Hollande ? La réponse est peut-étre à chercher dans les propos de Malek Boutih p 49 à 51, stupéfiant. Bon Boutih, j'ai toujours été fan. Ca tombe bien.
Bref, foin de cantiques consolateurs (j'suis dans une période pascalienne), on se démerdera avec ça. Merci M.Binet.